Présentation de la thèse en cours : “Les représentations de l’architecture religieuse dans la céramique italiote : étude des productions des cités de la côte ionienne”

Fragment de cratère en calice apulien provenant de Tarente, Peintre de la naissance de Dionysos, 400-390 av. J.-C., Amsterdam, Allard Pierson Museum (inv. 2579).
© Allard Pierson – The Collections of the University of Amsterdam.

Présentation des recherches en cours 

Mon travail de recherche porte sur les représentations de l’architecture religieuse dans la céramique italiote. Ces productions de vases grecs en Italie du Sud ont principalement lieu aux Ve et IVe siècles avant notre ère, et plus spécifiquement dans certains centres de production comme Tarente, Métaponte et Policoro-Héraclée, cités grecques de la côte ionienne. Ces vases destinés à une élite comportent des scènes peintes de nature variée où apparaissent des édifices ou des éléments d’architecture sacrée.

Depuis quelques années, la recherche dans le domaine de la céramique italiote est florissante. Beaucoup de chercheurs se sont intéressés à de grands thèmes iconographiques comme la tragédie grecque, l’Ilioupersis ou encore les Enfers. Je propose ici non pas de regarder seulement le sujet de la scène, mais aussi et surtout certains éléments spécifiques de son décor. Ce sujet n’a jamais été étudié en tant que tel. Seules quelques études ponctuelles sur les représentations des autels ont été publiées. Notons que nous parlons ici uniquement de l’architecture religieuse en excluant l’architecture funéraire comme les représentations du naïskos. Le but est d’apporter une vision synthétique des éléments architecturaux religieux mis en images dans une grande variété de scènes.

Nombre d’entre elles sont issues de la tragédie grecque classique, où l’on retrouve donc beaucoup d’épisodes prenant place dans les pièces d’Euripide, Eschyle ou Sophocle. D’autres sont issues de la comédie, du théâtre phlyaque. Enfin, un grand nombre de scènes renvoie également à la vie quotidienne. Cette diversité fait écho à l’environnement qui a pu inspirer les peintres vasculaires. Si le contexte archéologique de ces vases nous fait souvent défaut, leur iconographie peut nous être d’une grande utilité.

Après avoir rassemblé un corpus assez fourni pour être suffisamment représentatif des vases comportant des représentations d’au moins un élément architectural religieux, j’ai pu créer une base de données comportant plus de 500 vases. Pour avoir sa place dans cette étude, le vase doit contenir une structure religieuse. Il peut s’agir d’un élément entier tel qu’un autel, un temple ; ou partiel, tel qu’un chapiteau sur lequel est assis un personnage. Quoi qu’il en soit, la majeure partie de mon étude consiste donc à identifier et catégoriser ces éléments pour proposer un système de classification inédit, permettant une catégorisation systématique de chaque structure architecturale représentée.

J’ai ainsi créé une typologie pour les représentations des autels, et une autre pour les représentations des temples. Ces nouvelles classifications que je tente d’apporter se basent uniquement sur la forme de l’élément représenté, et non pas sur la nature de la scène. Ces formes peuvent ensuite être comparées aux attestations archéologiques de ces mêmes éléments, pour en comprendre l’inspiration. Par ce biais, il est évident qu’il ne faut pas s’attendre à une reproduction fidèle de la réalité, mais cela nous permet plutôt de comprendre les libertés prises et les éléments piochés dans l’environnement du peintre. Le croisement de ces données permet de rendre compte de la construction de ces représentations, témoignages d’un imaginaire culturel ou transpositions destinées à évoquer le sacré.

Thèse en cours,  Aline Dauvillier, « Les représentation de l’architecture religieuse dans la céramique italiote : étude des productions des cités de la côte ionienne. », sous la direction de Anne Coulié et de Martine Denoyelle, Université Panthéon-Sorbonne, ED112.